vendredi 13 novembre 2015

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : NYARLATHOTEP, Lovecraft




Avec Nyarlathotep (1920, United Amateur), le panthéon lovecraftien prend véritablement naissance avec l’arrivée de Nyarlathotep. La nouvelle est courte, sorte de poème en prose, et nous décrit l’entrée dans la ville (non précisée) du Pharaon Noir, un être qui serait sorti des ombres antiques des pyramides égyptiennes. Nyarlathotep voyage de ville en ville pour apporter un savoir impie qui dépasse l'être humain et le rend fou.
[1]Dans une lettre de 1921 à Reinhardt Kleiner, Lovecraft relie le rêve qu'il a fait - décrit comme « le plus réaliste et horrible (cauchemar) que j'ai fait depuis l'âge de dix ans » - à sa poésie en prose Nyarlathotep. Dans ce rêve, il reçoit une lettre de son ami Samuel Loveman qui dit : « Ne manquez pas d'aller voir Nyarlathotep s'il vient à Providence. Il est horrible - horrible au-delà de tout ce que vous pouvez imaginer - mais merveilleux. Il vous hante des heures durant. Je frissonne toujours à ce qu'il m'a montré. »
Lovecraft commente : « Je n'avais jamais entendu le nom Nyarlathotep avant, mais avais semblé comprendre l'allusion. Nyarlathotep était un genre de showman ou conférencier ambulant qui se produisait en public et ses expositions éveillaient des discussions et de la peur. Ces exhibitions étaient composées de deux parties : d'abord, une horrible et probablement prophétique bobine de cinéma ; et plus tard quelques expériences extraordinaires avec des appareils scientifiques et électriques. Quand j'ai reçu la lettre, j'ai semblé me rappeler que Nyarlathotep était déjà à Providence.... J'ai semblé me rappeler que des personnes m'avaient chuchoté dans la crainte ses horreurs, et m'avaient averti de ne pas aller le voir. Mais la lettre rêvée de Loveman m'a décidé.... Quand je suis sorti de la maison, j'ai vu la rue remplie d'hommes marchant lourdement dans la nuit, tout en chuchotant apeurés et se rendant au même endroit. Je suis allé avec eux, effrayé et pourtant désireux de voir et d'entendre le grand, l'obscur, l'inexprimable Nyarlathotep »— H. P. Lovecraft, Letter to Reinhardt Kleiner (21 décembre 1921; cité par Lin Carter, Lovecraft: A Look Behind the Cthulhu Mythos, pp. 18-19.

Pour la suite de l’étude de la création du « Mythe », il est intéressant de noter que cette créature fera partie de la catégorie des Autres Dieux, par opposition à la famille des Grands Anciens[2] qui ne peuvent être assimilés à de véritables divinités. Les Autres Dieux se divisent eux-mêmes en deux groupes, les les Dieux Très Anciens et les Dieux Extérieurs. Ces derniers n’interagissent pas avec les hommes, c’est leur intermédiaire, Nyarlathotep qui s’en charge. Il sera plus tard surnommé Le Chaos Rampant ou l’Âme des Dieux. Selon Jérôme Bouscaut, « cette dénomination semble suggérer qu’il représente l’essence commune entre tous les Dieux Extérieurs, telle une divinité source[3]


[1] Wikipédia
[2] Ceux-ci seront rarement nommés, à l’exception de Nodens, Bast et Hypnos.
[3] Préface au premier volume de Cthulhu, le Mythe chez Bragelone, 1912.

1 commentaire:

Crépuscule a dit…

Il faudrait rappeler la très belle thèse de Will Muray comme inspiration inconsciente de HPL. Cette hypothèse est jolie. Mais les "science show" avec spectacle et machines étaient relativement fréquent au début du XXeme siècle.