mercredi 20 juillet 2016

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LA MAISON MAUDITE, Lovecraft

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La Maison Maudite (1924, The Shunned House in Weird Tales 1937) est une excellente novellette mettant en scène une maison de Benefit Street à Providence, victime d’une étrange malédiction. Ses propriétaires, la famille Harris, mourront tous le langueur et d’anémie. Le narrateur (non nommé) est intrigué par ces légendes et s’en ouvre à son oncle, le Dr Elihu Whipple qui a déjà longuement enquêté sur le sujet. Suit une longue chronique de la famille Harris qui est également un intéressant raccourci de l’histoire de Providence. Ce qui frappe le narrateur, lors de ses investigations dans les chroniques anciennes, c’est que plusieurs des « victimes » se mettaient à hurler en français, langue qu’elles ne connaissaient pas. Et de découvrir que la maison Harris a été construite sur le cimetière de la famille de Roulet, une famille huguenote française émigrée en Amérique et dont l’un des ancêtres fut accusé de lycanthropie. Le narrateur et son oncle décident de crever l’abcès et s’installent pour une nuit dans la cave du manoir. Une étrange forme vaguement humaine figure comme en pointillé sur le sol. Elle reprendra consistance et « engloutira » littéralement le vieil oncle. Le narrateur s’enfuira et reviendra la nuit suivante avec des bonbonnes d’acide sulfurique pour éradiquer le monstre.
Une nouvelle très riche sur une maison qui existe réellement et qui est en quelque sorte le point d’orgue des nombreux récits de Lovecraft sur les demeures maudites. A noter que la famille de Roulet a effectivement existé et qu’elle est citée dans Myths and Myth-Makers de Fiske (1872). 



Les notes de Jacky Ferjault :

La nouvelle de Lovecraft qui se rapproche le plus des histoires de vampires traditionnelles est sans
doute The Shunned House (1924, La Maison, publié en 1937 dans Weird Tales). On y voit les occupants successifs d’une vieille maison de Providence mourir d’une mystérieuse et inexorable anémie jusqu’à ce qu’un homme plus curieux que les autres, le narrateur, découvre dans la cave un gigantesque cadavre boursouflé qui semble s’être nourri pendant des années de leur sang. Les victimes ayant été retrouvées pratiquement exsangues au moment de leur mort, il y a bien eu un phénomène de vampirisme, mais celui-ci s’est fait sans morsure, à distance, comme par une mystérieuse osmose. Le mystérieux mort-vivant, à la différence des vampires traditionnels qui se réveillent la nuit, mène une sorte d’existence végétative au fond de sa tombe d’où il ne sort jamais. À noter que le narrateur n’utilise pas le moyen classique qu’est le pieu pour éliminer ce redoutable vampire, mais il préfère déverser sur le corps six bombonnes d’acide sulfurique, ce qui est tout à fait inhabituel dans ce genre de récit.

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