vendredi 10 novembre 2017

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : CROWLEY, QUI SUIS-JE ? Christian Bouchet





Crowley, Qui-Suis-je ? Christian Bouchet, Pardès 1999.

Ce travail, issu de la thèse en doctorat d’ethnologie de l’auteur, est particulièrement claire et concise. La vie de Crowley est traitée rapidement, Christian Bouchet mettant surtout l’accent sur les pérégrinations de Crowley dans une multitude de sociétés initiatiques plutôt que de s’appesantir sur ses frasques sexuelles qui ont défrayé la chronique de l’époque. L’intérêt du travail est certainement dans le second chapitre où le système magique de Crowley est décortiqué avec précision. Un système qui se caractérise par un but ultime qui est l’atteinte d’un état où l’homme et Dieu ne sont plus qu’un. Il rejoint ici les grands mystiques, cherchant à s’élever d’initiation en initiation, de sephira en sephira, afin d’accéder au grand tout, l’Ain Soph.
La démarche suivie se veut scientifique : Nos conceptions les plus pures sont symbolisées par les mathématiques. Dieu est le grand arithméticien, Dieu est le grand géomètre. Donc, il vaut mieux se préparer à le comprendre en soumettant nos esprits à cette démarche (in Magie en théorie et pratique). Crowley avait présenté son Livre de la Loi comme ayant été dicté par un esprit, Aiwas. Il reconnaîtra ultérieurement que ce n’était rien d’autre que l’expression de son moi inconscient.
L’étude de l’œuvre de Crowley montre que celui-ci a mené de concert une magie cérémonielle classique avec tout son « appareillage » et une pratique tournée sur soi et très proche du yoga. Le but du rituel est d’avoir un contact avec une manifestation divine invoquée qui peut être son ange gardien. Pour arriver à la « fusion », et surtout dans la pratique personnelle, il conseille l’utilisation de diverses techniques : soit de nature psycho-mentales (yoga, visualisation, récitation de mantras…), soit par l’usage du sexe ou de la drogue.
Décrié de son vivant et rejeté par les milieux intellectuels, Crowley suscitera après sa mort un fort intérêt. De nombreux ordres et conventicules se réclameront de sa « Magick » alors que la culture populaire des années 60 l’adoptera en musique, au cinéma, voire en psycho-thérapie avec Israël Regardie et le sulfureux Timothy Leary. Il est vrai que nous étions alors entrés dans « un Nouvel Éon », celui des hippies, des Angry Young Men, de la Beat Generation, de la libération sexuelle et de la banalisation des drogues douces. Un terreau favorable à la résurgence de « la Grande Bête ».

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