dimanche 13 septembre 2009

SARANE ALEXANDRIAN


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Notre ami Sarane Alexandrian est décédé le 11 septembre 2009, à
Ivry-sur-Seine, où il était hospitalisé. Le Grand Cri-chant (comme l’avait
surnommé Victor Brauner) a rejoint la Fée-précieuse, son épouse, le peintre
Madeleine Novarina.

Résolument poète, dans la mesure où la poésie est une manière de vivre et pas
seulement d’écrire, Sarane Alexandrian est né en 1927 à Bagdad, où son père
était le stomatologiste du roi Fayçal 1er. Durant son adolescence en France,
il participe, à seize ans, à la Résistance dans le Limousin. À la même
période, il est initié au dadaïsme et au non-conformisme par le dadasophe
Raoul Hausmann. À vingt ans, à Paris, il devient « le bras droit d’André
Breton », selon l’opinion publique, et « le théoricien n°2 du surréalisme ».
Co-fondateur, en 1948, de la revue Néon et porte-parole du « Contre-groupe H »
qui se regroupe autour de Victor Brauner, Alexandrian devient le chef de file
de la jeune garde surréaliste (Stanislas Rodanski, Claude Tarnaud, Alain
Jouffroy, Jean- Dominique Rey…), des novateurs, qui s’opposent aux orthodoxes
du mouvement, en situant le surréalisme « au-delà des idées » et en accordant
la priorité au « sensible ». La « rupture » avec André Breton intervient en
octobre 1948. Depuis lors, l’importance, comme l’influence, de Sarane
Alexandrian, n’ont pas tant reposé sur son activité au sein du groupe
surréaliste, que sur sa démarche de continuité et de dépassement de ce
mouvement. Romancier, essayiste, historien d’art, journaliste (L’œil,
L’Express) et fondateur, en 1995, de la revue d’avant-garde Supérieur Inconnu
(dont le numéro spécial sur « l’Art de vivre » paraitra fin septembre 2009 en
même temps que le dernier livre de Sarane Alexandrian : L’Art surréaliste,
éditions Filipacchi), Sarane Alexandrian, a publié de nombreux livres, dont
certains ont connu un succès international : Le Surréalisme et le rêve
(Gallimard, 1974), Histoire de la philosophie occulte (Seghers, 1983),
Histoire de la littérature érotique (Seghers, 1989). Ses romans « d’aventures
mentales », comme ses nouvelles, imbibées de poésie, sont de véritables mythes
modernes écrits en autohypnose. Toutes ses œuvres de fiction, véritables
poèmes en prose, sont fondées sur le principe de la métaphore en action. Les
Terres fortunées du songe, avec dix-huit dessins de Jacques Hérold, (Galilée,
1980), est indéniablement le chef-d’œuvre de sa création, et l’une des plus
hautes cimes de la prose surréaliste. Il s’agit d’un roman mythique absolument
inclassable, ni science-fiction, ni allégorie, ni récit fantastique
traditionnel, ni satire d’humour noir, mais tenant de tout cela ensemble.
A consulter : Sarane Alexandrian, L’Aventure en soi, autobiographie, Le
Mercure de France, 1990. Christophe Dauphin, Sarane Alexandrian ou le grand
défi de l’imaginaire, Bibliothèque Mélusine, L’Âge d’Homme, 2006. »

Christophe Dauphin et Marc Kober
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