jeudi 15 mars 2012

LA DAME AU LINCEUIL DE BRAM STOKER

15 mars 2012

La dame au linceuil, Bram Stoker

L'auteur de Dracula a aussi écrit des nouvelles avec un soupçon de vampire et une note gothique. Reprenant le même procédé que son célèbre roman Dracula, il nous livre le récit d'un aventurier devenu milliardaire du jour au lendemain, à travers des lettres, des extraits de journaux, de testaments et essentiellement son journal.
Le roman commence en plein mystère avec un extrait du journal de l'occultisme (1907) : " C'est une étrange histoire qui nous parvient de l'Adriatique. Il semble que dans la nuit du 9 de ce mois alors que la Victorine, de la compagnie Italienne de Navigation à vapeur, doublait, un peu avant minuit, le cap connu sous le nom de la Lance d'Ivan, sur la côte des Montagnes Bleues, la vigie attira l'attention du capitaine, qui se trouvait alors sur la passerelle de commandement, sur la présence d'une petite lumière à prosimité du rivage. [...].
P. Caufield, passager à bord et rédacteur du journal de l'occultisme rapporte ceci : " Tous trois ainsi que moi-même, vîmes la chose. Le reste de l'équipage et des passagers était en bas. Tandis que nous approchions, je pus voir ce qu'étais réellement cette chose, mais il fallut beaucoup plus de temps aux marins pour se rendre compte de son étrangeté.[...] Je vis bientôt que le bâteau, qui m'avait semblé depuis le début, avoir une forme bizarre, n'était autre qu'un cercueil, et que la femme qui s'y tenait debout était vêtue d'un linceuil."
Certes, nous voici à nouveau en compagnie de vampires, mais l'auteur semble jouer avec les codes du genre. Ici, pas de peur hyperbolique, de frayeur innommable, le narrateur du journal accepte volontiers de se marier avec un ...vampire. On nage en plein surnaturel, avec une tante janet qui a des dons de double vue et qui lui prédit un mariage avec une fiancée macabre... mais les codes sont si voyants, le narrateur usant du mot "gothique" à plusieurs reprises pour qualifier le vampire - "magnifique face gothique", d'apparition gothique"- et se documentant même sur eux... La désinvolture et la légéreté contamine même le récit qui laisse de côté de nombreux personnages - la tante est parfois oubliée, le premier narrateur disparaît complètement après le premier chapitre... C'est donc une histoire qui démonte les rouages de la littérature gothique. Ce qui est vraiment merveilleux dans ce roman, c'est l'atmosphère sous la "lueur capricieuse de la lune", la description d'un château terriblement gothique, et d'un jardin entièrement blanc et captivant... Un récit à la fois captivant et déceptif, avec une fin un peu décevante, avec un démontage en règle - comme chez Radcliffe des manifestations surnaturelles.
La dame au linceuil, Bram Stocker, Babel, 192 p.

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