lundi 27 août 2012

ENTRE L'ABBE SAUNIERE ET BUGARACH

Limoux Roman noir déjanté entre abbé Saunière et Bugarach

B. C.
27/08/2012, 06 h 00
Éric Maneval à Marseille, une ville dont il aime l'atmosphère.
Éric Maneval à Marseille, une ville dont il aime l'atmosphère. (© D.R) 
 
Le baroudeur Luc Schaeffer, malgré son prénom d'apôtre, n'est pas très charitable pour ses frères humains. Et Aurore Saintal, sa copine, une intellectuelle sexy, malgré son prénom qui respire l'espoir, est l'objet d'angoisses crépusculaires ; jadis, elle a été violée par son oncle.
Drôle de couple. Il est né dans l'imagination du romancier Éric Maneval. Son polar, intitulé "Rennes-le-Château, tome sang", se lit à la vitesse d'un météore : style dense, alerte, pulsatile, en phrases courtes où les caractères humains sont taillés par la serpe d'une ironie tendre et désabusée.
Roman noir ? Illuminé plutôt : d'abord au niveau météorologique grâce au soleil de l'Aude, et psychiatriquement via des personnages quasiment tous en "état-limite" cérébral. Les uns croient au trésor de l'abbé Saunière, d'autres au tombeau du Christ et de Marie-Madeleine.
Mais Luc, lui, découvre la grande vérité universelle en faisant sauter à la dynamite une partie du Pic de Bugarach. Le tout est conté par un narrateur, bouquiniste de son état, et qui finit dans un fauteuil roulant.
Son atmosphère plane entre "Rosemary's Baby", le film de Polansky, et "L'exorciste", le livre de William Blatty, avec un zeste de commissaire Lavardin (inoubliable Jean Poiret) ou Laviolette (créé par feu Pierre Magnan), deux policiers désabusés, cyniques en surface, mais restés très humains dans quelque zone intime d'une pudeur aussi profonde qu'insoupçonnée.
Éric Maneval, qui habite Marseille, s'est-il livré à une autobiographie ? À Limoux, on se souvient qu'il vendait des livres sur le marché chaque vendredi. Comme son personnage, il était bouquiniste (après avoir été enseignant). Il a longtemps vadrouillé dans la Haute-Vallée prenant le temps de saisir la psychologie de tous ces chercheurs mystiques de trésors fantasmés. Il a pris le temps de découvrir cette société parallèle qui erre dans ce "triangle des Bermudes" formé par le Bugarach, Rennes-le-Château et Quillan.
Et il l'a reproduite dans son roman : bourgeois rentiers, intellectuels raffinés amateurs de sensations fortes ; cas sociaux à la dérive ; "baba cools" en fin de vie d'illusions ; misanthropes fatigués de leur accès de lucidité mal gérée ; clandestins politiques... La gamme est variée de ceux qui la déclinent. Quelques-uns sont attachants dans leur quête d'un graal qu'au fond d'eux-mêmes ils savent insaisissable. Ils sont à la recherche d'une autre dimension que seul le narrateur découvrira à sa manière, du fond de son fauteuil roulant... En devenant poétiquement fou (pléonasme

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