dimanche 23 décembre 2012

BUGARACH, LE JOUR D'APRES

Publié le 23/12/2012 10:09
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Bugarach, le jour d'après

La Dépêche

Hier matin, les hordes de journalistes ont déserté le secteur, laissant un champ de boue derrière eux. / Photo DDM, J.-L. D.-C. ()
Hier matin, les hordes de journalistes ont déserté le secteur, laissant un champ de boue derrière eux. / Photo DDM, J.-L. D.-C.
Comme par enchantement, le jour s'est levé radieux sur Bugarach. Comme au premier matin du monde. Après la frénésie des derniers jours, le village censé survivre à la fin du monde prédite par les Mayas a enfin retrouvé le calme.
À l'image d'un lendemain de fête furieuse façon Cloches et Toqués, il ne restait hier matin que les séquelles de l'emballement médiatique inouï qui a vu plus de trois cents journalistes de dix-neuf pays assiéger le village littéralement cerné par les gendarmes. Du champ sur lequel les camions à antenne-relais avaient élu domicile depuis le milieu de la semaine on dirait qu'il a reçu la visite d'Attila.

«On peut mourir tranquilles»

À l'entrée de Bugarach où braient des ânes, la journaliste d'une télévision japonaise enregistre une dernière séquence, le pic en toile de fond.
La «Taverne alsacienne» ouverte au débotté pendant deux jours par Gisèle pour nourrir en pain, fromages et pâtisseries maison et abreuver de café la horde de journalistes a fermé ses portes. Gisèle qui, quand même, repense à ce type, il y a 12 ans : «C'était un genre de médium. Il m'avait dit : vous verrez, un jour Bugarach sera mondialement connu. Je n'y croyais pas et pourtant il avait raison.»
Devant la mairie, un groupe de retraités discute de tout et surtout de rien. Plus haut, en direction du col du Linas, Paul peut enfin se balader tranquille dans ce coin qu'il affectionne tant. Venu voir le cirque de la veille, il commente, mi-philosophe, mi-goguenard : «Quand on a survécu à tant de connerie humaine, on peut mourir tranquilles.»
Bugarach va donc pouvoir passer à autre chose. Jean-Pierre Delord, le maire dépassé par les événements qu'il a lui-même en grande partie suscités en alimentant cette abracadabrante histoire de fin du monde, va pouvoir revoir sa copie sur son très contesté projet d'installation d'éoliennes que le commissaire enquêteur a dénoncé début décembre. Bref, la vie continue.

Des retombées difficiles à mesurer

Si Bugarach est aujourd'hui connu dans le monde entier. Mais derrière cette renommée tout neuve, les retombées sont difficiles à mesurer. Le village lui-même ne disposant pas de milliers de commerces, n'y gagnera sans doute pas grand-chose.
Certains ont en tout cas saisi l'opportunité inespérée d'avoir sous la main les médias du monde entier pour tenter d'accroître leur notoriété. Ainsi, la cave du Sieur d'Arques a offert sa première Bulle aux nuées de journalistes présents dans l'espoir qu'ils en fassent la publicité dans leurs régions et pays respectifs.
Jacques Hortala, le conseiller général de Couiza a quant à lui profité de l'hospitalité du préfet lors du point presse de vendredi pour vanter les beautés de son canton. Un curieux mélange des genres. Et pour faire bonne mesure, tous les journalistes sont repartis avec une besace remplie de la documentation touristique du conseil général de l'Aude. Une petite opération de com à peu de frais.
J.-L. D.-C.

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