lundi 10 décembre 2012

RIEN A CREUSER A BUGARACH

LA DEPECHE

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Publié le 10/12/2012 08:59
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Le 20/12/2012

Fin du monde. «Il n'y a rien à creuser du côté de Bugarach»

Le géologue toulousain Michel Bilotte ne croit pas du tout à la fin du monde... /Photo DDM, archives Michel Labonne. ()
Le géologue toulousain Michel Bilotte ne croit pas du tout à la fin du monde... /Photo DDM, archives Michel Labonne.
Lors d'une soirée spéciale «Veille de fin du monde» le Muséum de Toulouse invite le 20 décembre prochain le scientifique Albert Jacquard et le géologue toulousain, Michel Bilotte. Interview.
Le 20 décembre, Michel Bilotte, professeur émérite de Paul Sabatier, président de la Société d'histoire naturelle de Toulouse, interviendra sur le thème: «Le site de Bugarach, épargné par l'apocalypse ?».Interview.
Révélée à la fin du XIX siècle, la structure géologique du Pic de Bugarach ne fait plus de mystères et pourtant le mythe continue…
Léon Carez a été le premier géologue pyrénéen à présenter la structure réelle du Pech de Bugarach en 1889, dans une série de trois articles intitulés : «Sur l'existence de phénomènes de recouvrement dans les Pyrénées de l'Aude». Il y démontrait que la position de cette montagne était due à un décollement de terrains, les plus anciens venant reposer sur des terrains plus récents par l'intermédiaire d'une surface de chevauchement. Ce décollement étant lié aux mouvements de l'écorce terrestre lors de l'affrontement des plaques Europe et Ibérie.
C'est ce qui a abouti au concept surprenant de «montagne inversée» ?
Un publicitaire qui a eu vent de la position particulière du Pech, a en effet inventé ce terme de «montagne inversée» mais ce concept ne repose sur rien si ce n'est sur la mauvaise compréhension de ce que signifie «chevauchement». L'inverse d'une montagne, c'est une vallée ! Cette invention est venue s'ajouter à plusieurs légendes dans une région qui a toujours été un lieu à part. L'une d'entre elles dit par exemple que le trésor des Wisigoth est enterré quelque part vers Rennes-le-Château, la capitale de l'ancien royaume wisigoth. Il y a aussi eu l'affaire de l'abbé Saunières, devenu célèbre pour avoir acquis une fortune dont l'origine exacte est inconnue et plus récemment un certain Jean de Rignie qui a associé le lieu à une activité extraterrestre.
Le site de Bugarach n'aurait donc qu'une particularité géologique ?
Oui, ce fameux chevauchement. C'est une particularité mais qui n'est pas exceptionnelle non plus ! Si l'on va sur le versant sud des Pyrénées, on trouve des chevauchements partout, de même dans la région de Gavarnie, où l'avancée des terrains se désolidarise à tel point de la zone de racine que l'on ne réussit plus à trouver le départ du chevauchement ! Pour revenir à Bugarach, c'est l'érosion qui a donné au pic cette attitude un peu particulière au milieu de terrains qui sont topographiquement plus bas que lui ! De la même façon, les spéléologues qui ont exploré ses cavités n'ont rien trouvé au-delà des trous créés par la circulation des eaux dans tout relief calcaire, pas même la trace d'une occupation par l'homme préhistorique. Scientifiquement, c'est un territoire intéressant mais le reste est sans fondement. Il n'y a rien à creuser du côté de Bugarach!
Au-delà de Bugarach, la géologie est-elle compétente en matière de fin du monde ?
Aucunement ! La fin du monde ne viendra pas de la lecture des faits géologiques même si c'est à nuancer puisque la fin des dinosaures a été révélée par des données géologiques et géochimiques ! On peut bien sûr émettre des hypothèses. Les seuls qui nous donnent une idée de ce que sera la fin du monde, ce sont les astrophysiciens qui disent que dans cinq milliards d'années le soleil deviendra une géante rouge qui absorbera la Terre.
Soirée «Veille de fin du monde» au Muséum de Toulouse, le 20 décembre de 17h à 20h, entrée gratuite. 35 allées Jules Guesde. Tel : 05 67 73 84 84. Site : www.museum.toulouse.fr. Accès métro ligne B, station Carmes ou bus n°1.

Soirées spéciales

Dans un autre registre, l'apocalypse a aussi inspiré le Bikini qui a programmé le 21 décembre une soirée «fin du monde» avec les groupes Punish Yourself, Elisa Do Brasil, Le Catcheur, La Pute et le Dealer. Au menu de cette nuit fatalement imprévisible, du son électro, rock, punk mais aussi des prédicateurs, des magiciens et toutes sortes de performers éclairés. Tarifs: de 17,50€ à 20€ sur place.
La fin du monde sera aussi au menu du cabaret comique Le Citron bleu qui propose à partir de 19h30 une soirée à «mourir de rire» pleine de surprises, en compagnie de deux artistes sur scène. Renseignements : 18 rue des Paradoux à Toulouse. Tel : 05 62 17 54 06. te :www.lecitronbleu.fr.
Recueilli par Johanna Decors

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