jeudi 31 décembre 2015

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LA MUSIQUE D'ERICH ZANN, Lovecraft





La Musique d’Erich Zann (1921, in National Amateur 1922 & Weird Tales 1925)
J’ai examiné des plans de la ville avec le plus grand soin, et pourtant, je n’ai jamais pu retrouver la rue d’Auseil. Je n’ai pas seulement parcouru des cartes récentes, car je sais que les noms de rues changent avec le temps. Je me suis au contraire plongé dans l’histoire de ces lieux, et j’ai exploré chaque recoin dont le nom aurait pu rappeler celui de la rue d’Auseil. Malgré tous mes efforts, je garde un souvenir amer de n’avoir pas su retrouver la maison, la rue, ni même le quartier où, sans le sou, j’ai habité pendant mes derniers derniers mois d’études de métaphysique à l’université. C’est dans la rue d’Auseil que j’ai entendu la musique d’Erich Zann. Le narrateur, jeune étudiant en métaphysique, a pourtant passé quelque temps dans cette petite rue imaginaire de Paris, dans une mansarde dont le dernier étage était occupé par Erich Zann. Un musicien muet, employé le jour dans un théâtre-cabaret, et joueur de viole dans son appartement la nuit. Là, dans le petit couloir, devant la porte barrée et le trou de serrure masqué, j’ai entendu souvent ces sons qui me remplissaient d’une terreur indéfinissable – la terreur d’une vague merveille et d’un mystère rêveur. Ce n’était pas que ces sons soient affreux, non, ils ne l’étaient certes pas ; mais ce qu’ils entretenaient de vibrations n’appartenait à rien qu’on puisse relier sur la terre, et à certains intervalles ils atteignaient une qualité symphonique qu’on pouvait dicilement concevoir être produite par un seul interprète.
L’étudiant est fasciné par l’étrange beauté de sa musique, et, avec difficultés, finit par entrer en contact avec l’artiste. La fenêtre de sa pièce de travail est toujours soigneusement fermée et interdiction est faite à son visiteur de tenter de l’ouvrir. Il lui explique que ses mélodies visent à empêcher Ceux du Dehors de pénétrer dans notre monde. Une nuit, et après une symphonie particulièrement terrifiante, l’étudiant monte chez son voisin. La pièce est vide et la fenêtre ouverte. Celle-ci donne sur les étoiles.

Une belle nouvelle, très poétique, que Lovecraft considérait du reste comme son meilleur texte. La critique, notamment celle de S.T. Joshi, sera plus réservée, reprochant à ce texte son manque de cohérence. Bergier, pour sa part enthousiasme, aurait demandé à Lovecraft comment il avait visité Paris. Celui-ci lui aurait répondu « en rêve ». (In Planète no 1). Cette correspondance est sujette à caution !
Le texte a fait l’objet d’une adaptation cinématographique par Marc Thomas, dans le cadre de son cursus universitaire (La Transition d’Ulrich Zann, film noir et blanc de 15 minutes, 1996). 

Voir aussi : La musique d'Erich Zann

dimanche 27 décembre 2015

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : CELUI QUI HANTE LES TÉNÈBRES, Lovecraft

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Celui qui hante les ténèbres (1935, in Weird Tales 1936). Dans cette nouvelle, Lovecraft met en scène son ami Robert Bloch sous les traits de Robert Drake, artiste, écrivain et peintre qui vient de s’installer à Providence, dans College Street, à proximité de la Brown University et de sa bibliothèque John Hay. Il est connu pour ses œuvres fantastiques comme Celui qui creuse sous la terre, l’Escalier de la Crypte, Shaggaï, dans la vallée de Pnath et le Dévoreur venu des Étoiles. Il est fasciné par le paysage de la ville qu’il observe de sa fenêtre et notamment par la colline de Federal Hill au faîte de laquelle il remarque une église qui semble déserte. Il finit par se décider, traverse la ville et arrive dans un quartier où les habitants ont des visages exotiques et le peau mate. Avec difficultés, un quidam se décide de répondre à ses questions et lui explique que l’église abandonnée a été le siège d’un culte maléfique qui appelait des êtres atroces à sortir d’un gouffre noir inconnu. Une opération d’exorcisme a du reste dû y être menée. 


Blake pénètre dans les lieux par un soupirail. La nef colossale était un espace maintenant dévasté, avec des amoncellements et montagnes de poussière sur ses bancs à caissons, autel, chaires et chœur, et des enchevêtrements titanesques de toiles d’araignées tendues sous les ogives de la galerie et s’entrelaçant sous les colonnes gothiques du cloître. Sur toute cette désolation silencieuse jouait une lumière sans source visible tandis que le soleil de fin d’après-midi lançait ses rayons déclinant à travers les étranges panneaux mi- obturés des grandes baies de l'abside. Il découvre dans la sacristie une bibliothèque de livres maudits et un petit carnet rempli de signes incompréhensibles. 



Dans le clocher, il met la main sur un petit coffret dans lequel est entreposé un « Trapézoèdre Luisant » et le cadavre d’un journaliste, Edwin M. Lillibridge dont le journal parle de la secte « la Sagesse des Etoiles » et d’invocations à « Celui qui Hante les Ténèbres » par le biais du trapézoèdre. La contemplation de cette pierre a sur lui d’étranges effets : Il se sentait enchevêtré dans quelque chose – quelque chose qui n’était pas dans la pierre, mais qui à travers elle l’avait regardé –, quelque chose qui pourrait le suivre désormais sans cesse avec une connaissance qui débordait la vue physique.
Il s’enfuit, rentre chez lui, mais reste obnubilé par son aventure. Il apprend par la presse que les bruits qui agitent le quartier de l’église redoublent d’intensité lors des nuits d’orage, lorsque le courant « saute ». Et de plonger dans des cauchemars terrifiants au cours desquels il se retrouve dans l’église en proie au Chaos Ultime. On le retrouvera mort à sa fenêtre, les traits tordus par une horreur indicible.

° Le tueur stellaire : Le Tueur stellaire (1935). Cette nouvelle est la revanche concoctée par Robert Bloch qui a son tour va tuer Lovecraft….
Un écrivain oisif en manque d’inspiration met la main sur un exemplaire du De Vermis Mysteriis. Il se rend chez un ami et lui met ce livre entre les mains. L’ami imprudent récite alors une formule en latin et attire sur lui la fureur d’un vampire stellaire qui le vide de son sang. L’écrivain qui a acheté le livre repart en brûlant la maison.

° Livres : Dans la sacristie, il découvrit un bureau mangé des vers et plusieurs rayonnages montant jusqu’au plafond, surchargés de livres moisis dont les titres lui inspirèrent une horreur sans nom, car ces volumes renfermaient les secrets et les formules redoutables des temps fabuleux antérieurs à l’existence de l’homme. Blake lui-même en avait déjà lu plusieurs : une traduction latine du Necronomicon, le sinistre Liber Ivonis, l’infâme Culte des Goules du comte d’Erlette, l’Unaussprechlichen Kulten de von Juntz, et le De Vermis Mysteriis de Ludvig Prinn. En outre, il y en avait d’autres qu’il ne connaissait que de réputation (tels que les Manuscrits pnakotiques et le Livre de Dzyan), et un ouvrage rédigé en caractères indéchiffrables, mais contenant certains symboles et diagrammes parfaitement clairs pour un étudiant ès sciences occultes.
Apparaissent dans cette nouvelle :

* De Vermis Mysteriis, créé par Robert Bloch dans Le Tueur Stellaire. Il est censé avoir été écrit en prison par un certain Ludvig Prinn, brûlé vif à Bruxelles par l'Inquisition au XVe siècle ou XVIe siècle ; d'après ses propres dires, Prinn était un survivant de la neuvième croisade (1271-1272).

* Le Livre de Dzyan supposé être un ancien texte, d'origine tibétaine, et possiblement relié à une branche ésotérique du Lamaïsme. Il a été la base de la Théosophie, le mouvement spiritualiste ésotérique fondé par Helena Blavatsky en 1875 et diffusé par la Société théosophique. L'œuvre majeure de cette dernière, La Doctrine Secrète (1888), se propose de faire l'étude de certaines stances (voir Wikisource) tirées de cet ouvrage légendaire, identifié depuis plusieurs années par des chercheurs anglo-saxons avec le livre de Kiu-Te.
° Les créatures : le panthéon habituel est au rendez-vous avec Yog Sothoth, Nyarlathotep le Pharaon Noir, Azathoth, le Chaos Ultime…

LES CHRONIQUES D'EL'BIB :CTHULHU LE MYTHE T1, Lovecraft





Cthulhu le Mythe T1 (Bragelone, 2012). Une réédition d’autant plus remarquable que les nouvelles ont été retraduites de façon tout à fait convaincante. On soulignera encore une solide et pertinente introduction de Jérôme Bouscaut. On se régalera enfin avec le portfolio photo inséré au milieu de l’ouvrages sur « Les Terres de Lovecraft ». sommaire de ce premier tome :

1 - Jérôme BOUSCAUT, Introduction, pages 7 à 52, Introduction
2 - La Cité sans nom (The Nameless City), pages 57 à 72, trad. Maxime LE DAIN
3 - Le Festival (The Festival), pages 73 à 84, trad. Sonia QUÉMENER
4 - L'Appel de Cthulhu (The Call of Cthulhu), pages 85 à 120, trad. Maxime LE DAIN
5 - L'Horreur à Dunwich (The Dunwich Horror), pages 121 à 169, trad. Sonia QUÉMENER
6 - Celui qui chuchotait dans le noir (The Whisperer in Darkness), pages 171 à 247, trad. Sonia QUÉMENER
7 - Le Cauchemar d'Innsmouth (The Shadow Over Innsmouth), pages 249 à 322, trad. Maxime LE DAIN
8 - La Maison de la sorcière (The Dreams in the Witch-House), pages 325 à 366, trad. Maxime LE DAIN
9 - Le Monstre sur le seuil (The Thing on the Doorstep), pages 369 à 401, trad. Maxime LE DAIN
10 - Celui qui hante les ténèbres (The Haunter of the Dark), pages 403 à 431, trad. Sonia QUÉMENER
11 - Christian GRUSSI, Les Terres de Lovecraft en images, pages 431 à 447, Portfolio

vendredi 25 décembre 2015

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LE MONSTRE SUR LE SEUIL, Lovecraft





Le Monstre sur le seuil (1933, in Weird Tales 1937).
Il est vrai que j’ai logé six balles dans la tête de mon meilleur ami, et pourtant j’espère montrer par le présent récit que je ne suis pas son meurtrier. Voilà une nouvelle qui commence de façon tonique ! Il s’agit du récit de Daniel Upton, architecte à Arkham, et ami de Edward Derby, un jeune homme introverti, couvé par ses parents et cultivant un goût prononcé pour l’art morbide et la poésie décadente. Il finira cependant par fréquenter l’université de la ville, suivant un cursus de littératures anglaise et française à l’issue duquel il décrochera brillamment un diplôme. Il tombera amoureux de Asenath Waite qui suivait pour sa part des études en métaphysique médiévale. Une jolie jeune femme, malgré des yeux globuleux, native d’Innsmouth. Son père, Ephraïm Waite s’adonnait aux sciences occultes ; quant à sa mère, on ne sait pas grand chose d’elle, si ce n’est qu’elle était toujours voilée. Marié, le jeune couple quitta la maison des Derby et s’installa dans sa propre demeure, entouré de domestiques inquiétants venus d’Innsmouth.
Edward rendait souvent visite à son ami et lui apprit que son épouse possédait d’étranges pouvoirs, notamment celui de prendre le contrôle de son esprit. Ses rêves étaient de plus en plus inquiétants : Il évoquait de terrifiants conclaves tenus dans des lieux reculés, des ruines cyclopéennes enfouies au plus profond du Maine sous lesquelles d’immenses escaliers plongeaient dans d’abyssales ténèbres foisonnant de mystères, d’angles complexes franchissant des murs invisibles vers d’autres régions de l’espace et du temps, ainsi que d’ignobles échanges de personnalité permettant d’explorer des territoires lointains et interdits d’autres mondes et d’autres plans d’existence.
Sa santé commença à décliner, et Richard Upton du aller le récupérer dans le Maine, alerté par la police. Il était manifestement entré en contact avec une étrange secte et tenait des propos incohérents. Sur le chemin de retour, le jeune architecte observa une modification inquiétante de la personnalité de son ami.
Leurs relations devinrent espacées, mais chaque contact virait à l’horreur. Upton apprendra dans une dernière lettre de son ami, venu lui remettre en mains propres, que Ephraïm Waite avait pris le contrôle d’Asenath, puis par le biais de celle-ci d’Edward. Lequel Edward n’était plus qu’une loque inhumaine et repoussante. La fin sera tragique, ainsi qu’on peut le deviner dès les premières lignes de la nouvelle.

Quelques commentaires :

° Arkham est abondamment utilisée dans les nouvelles de Lovecraft et chaque texte apporte des précisions supplémentaires sur cette cité étrange. L’auteur nous en a du reste, à l’instar d’Innsmouth, laissé un plan.



° Les femmes sont rares dans l’œuvre de Lovecraft, et lorsqu’elles interviennent, ce sont toujours des monstres !


° Les livres :
On retrouve ici le Necronomicon, ainsi que Le Livre d’Eibon et les Unausspreclichen Kulten.
Sont également citées les œuvres d’Edward Derby, Azathoth et autres Horreurs, ainsi que Le Peuple du Monolithe, recueil du poète baudelairien Justin Geoffrey qui mourut en 1926 dans un asile d’aliénés, de retour d’un village hongrois de sinistre réputation. Ce dernier est une création de Robert E. Howard in The Black Stone et The House. 



° Les créatures :
Sont évoqués les shoghots, Shub-Niggurah, la Chose Encagoulée.


mercredi 23 décembre 2015

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LA MAISON DE LA SORCIÈRE, Lovecraft




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La Maison de la Sorcière (1932, 1933 in Weird Tales). Bien que décriée par les proches de Lovecraft, cette longue nouvelle est tout à fait remarquable dans la mesure où elle nous plonge dans d’étonnantes visions cosmiques, au sein d’un hyper-espace cohérent qui s’inscrit parfaitement dans les canons de la physique moderne. L’auteur n’hésite pas du reste à évoquer les travaux des fondateurs de cette dernière que furent Planck et Heisenberg. 



Il est vrai que le héros du récit, Walter Gilman, est un étudiant en mathématiques non-euclidiennes et en physique quantique, tout en s’intéressant au folklore. Une démarche qui le conduit, dans le cadre de l’université d’Arkham, à chercher à associer les mathématiques de l’impossible aux fantastiques arcanes de la magie. Le Pr Upham goûta particulièrement sa démonstration de la parenté des mathématiques supérieures avec certains moments du savoir magique transmis à travers les âges depuis une indi- cible antiquité  humaine ou préhumaine  où la connaissance du cosmos et de ses lois était plus vaste que la nôtre.
Tout cela pour dire qu’il est un familier des « Livres Maudits » conservés à la Bibliothèque de ladite université. Peu fortuné, il vit dans un appartement quasi délabré, dont les murs présentent des angles anormaux, et qui de surcroît a été la demeure de la sorcière Keziah Mason. Une sorcière qui a défrayé la chronique en s’évadant en 1692 de la prison de Salem où elle était détenue. 


Le jeune étudiant est la proie de rêves étranges et fantastiques : Les rêves de Gilman étaient en général des plongées à travers des abîmes infinis de crépuscule indiciblement coloré et de sons au déconcertant désordre ; des abîmes dont les propriétés physiques et gravitationnelles, comme les relations avec sa propre essence, échappaient à toute tentative d’explication. Il ne marchait ni ne grimpait, ne volait ni ne nageait, sans non plus ramper ni se tortiller ; mais il faisait toujours l’expérience d’un mode de déplacement mi- volontaire et mi- involontaire.
Ces rêves se font de plus en plus inquiétants : Le hurlant abîme crépusculaire étincela devant lui, il se sentit impuissant dans l’étreinte informe du conglomérat de bulles irisées. En avant, le petit polyèdre kaléidoscopique filait à vive allure, et dans le vide bouillonnant, un développement et une accélération du vague système tonal semblèrent annoncer un paroxysme indescriptible et insoutenable. Il pressentait ce qui allait arriver – l’explosion monstrueuse des chants walpurgiens, qui concentraient dans leur sonorité cosmique toute l’effervescence primitive, fondamentale, de l’espace-temps qui couve derrière les sphères de matière amoncelées, et jaillit toutefois en réverbérations rythmiques qui pénètrent atténuées tous les niveaux d’être et confèrent partout dans les mondes une terrible signification à certaines époques redoutées. Mais tout cela disparut en un instant.
Ils se transforment en véritables cauchemars au fur et à mesure qu’approche la nuit de Walpurgis, de sinistre réputation à Arkham où il réside. La sorcière, accompagnée de son familier, Brown Jenkin, un énorme rat au faciès humain, hantent ses nuits. Il sombre dans une dépression paralysante, séchant de plus en plus ses cours à l’Université. Mais lors de ses rares apparitions, il séduit ses professeurs, par l’audace de ses intuitions : Un après-midi, il y eut une discussion sur l’existence possible de courbures insolites de l’espace, et de points théoriques d’approche ou même de contact entre notre partie du cosmos et diverses autres régions aussi éloignées que les étoiles les plus lointaines ou les abîmes transgalactiques eux- mêmes – ou même aussi fabuleusement distantes que les unités cosmiques expérimentalement concevables au-delà du continuum espace-temps einsteinien. Gilman traita ce thème avec une aisance qui remplit d’admiration toute l’assistance, même si certaines de ses hypothèses proposées à titre d’exemple ne firent qu’encourager les perpétuels bavardages sur la bizarrerie de sa nervosité et de sa solitude.
Gilman se réfugie chez un jeune étudiant, l’un de ces voisins dans la maison maudite. Mais rien n’y fait, et il se réveille le matin le corps couvert de griffes et les pieds boueux. Un enfant disparaît à Arkham, qu’il retrouve dans ses rêves alors que la sorcière brandit un couteau. On retrouvera Gilman mort dans son lit, éventré et le cœur dévoré par une sorte de rongeur.

Quelques commentaires :

° Les mathématiques de l’Impossible

H. P. Lovecraft fait une nouvelle fois preuve de son attrait pour les sciences exactes en citant dans ce texte plusieurs grands noms des mathématiques et de la physique : Max Planck, Werner Heisenberg, Albert Einstein et Willem de Sitter.
* La physique quantique a mis en relief deux grands principes. Celui de l’incertitude qui nous dit que nous ne pouvons pas prévoir avec précision le comportement d’une microparticule, bien que nous sachions que ce comportement est déterminé à l’avance (Heisenberg).  Celui de l’incomplétude qui nous montre que nous ne pouvons pas prouver la cohérence d’un système mathématique, bien que ses affirmations non démontrables soient vraies. 
* On voit donc bien qu’il existe deux conceptions opposées de la physique. Celle dite classique (de Kepler, Newton à Einstein) est déterministe : les causes ont des effets qui deviennent des causes ; la réalité existe indépendamment de l’observateur. Celle dite quantique (Heisenberg, Pauli, Bohr) qui est aléatoire et qui montre que la réalité dépend de l’observation. Ces deux approches sont contradictoires mais chacune rigoureusement exacte sur le plan mathématique. Elles se sont affrontées en la personne de leurs partisans par les fameux Congrès de Solvay dont le premier a eu lieu en 1927. Les tentatives de conciliation par ce qu’on appelle la théorie du tout ont jusqu’à présent échoué. Le premier pas vers une théorie du tout a cependant été effectué par l'astrophysicien anglais Stephen Hawking qui a montré qu'au niveau quantique, une particule peut s'échapper par effet tunnel d'un trou noir (singularité de distorsion de l'espace-temps, prédite par la théorie de la relativité générale). On parle ici de théorie des cordes.

° Les livres

Si le Necronomicon est souvent évoqué dans la nouvelle, sont également cités :

Le Livre d’Eibon ou Liber Ivonis qui a été inventé par Clark Ashton Smith dans la nouvelle Ubbo-Sathla (1933), et a été repris par la suite par Lovecraft. Il est censé avoir été écrit par un sorcier d'Hyperborée, et s'être transmis au fil des siècles parmi les sorciers. Smith mentionne une traduction française médiévale dérivée d'une version grecque, mais on ne peut remonter au-delà. Il en existe également des traductions en anglais et en latin (le Liber Ivonis).


L’Unaussprechlichen Kulten de von Juntz. Il s’agit d’une création de Robert E. Howard dans ses nouvelles Les Enfants de la Nuit et La Pierre noire (1931). D’après Joan Stanley, Von Junzt voyagea partout dans le monde. On l’accusa d’être initié à certains des cultes dont il parlait et d’avoir une connaissance de première main de beaucoup de leurs rites et de leurs pratiques. Il passa quarante-cinq pleines années de sa vie à prier en des endroits étranges et à découvrir des choses secrètes et épouvantables. Malheureusement, lorsqu’il mourut, presque tous ses papiers personnels furent détruits par son meilleur ami ou par sa famille. L’Université de Miskatonic a néanmoins réussi à récupérer certains d’entre eux, dont son exemplaire personnel.


° Les créatures

Les entités Azathoth et Shub-Niggurath sont évoquées tandis que Nyarlathotep apparaît sous les traits du légendaire « Homme noir », démon traditionnellement associé aux sabbats des sorcières. Enfin, Keziah Mason semble entretenir des relations indéfinies avec les Anciens, race extraterrestre semi-végétale décrite dans Les Montagnes hallucinées.

° La critique
(Wiki) La Maison de la sorcière ne connut pas un accueil très chaleureux tant à l'époque de sa rédaction que dans les écrits postérieurs des spécialistes de Lovecraft. Dans sa correspondance avec l'auteur, August Derleth fera part de ses doutes sur la nouvelle. Lovecraft en parle dans une lettre à destination d'un autre correspondant : « Derleth n'a pas dit qu'elle ne se vendrait pas ; en fait, il pensait davantage qu'elle se vendrait. Il en dit que c'est une « pauvre histoire », ce qui est tout à fait différent et bien plus lamentable ». Lovecraft répondit également directement à Derleth : « [V]otre réaction à mon pauvre La Maison de la sorcière est, à peu de choses près, ce à quoi je m'attendais — bien que je ne pense pas que ce torchon soit aussi mauvais que vous ne le pensiez... Toute cette affaire me montre que ma carrière fictionnelle est probablement terminée. »
Découragé par cet échange, Lovecraft refusa de soumettre son histoire à la publication ; sans mettre Lovecraft au courant, Derleth la soumettra plus tard à Weird Tales qui l'accepta.
De nombreux critiques ont partagé l'avis de Derleth depuis lors. Lin Carter traita l'histoire d'« effort mineur » qui « reste singulièrement unidimensionnel, bizarrement peu satisfaisant ». Peter Cannon dit que « la plupart des critiques sont d'accord » sur le fait que cette nouvelle, avec The Thing on the Doorstep, est « la plus mauvaise des histoires tardives de Lovecraft ».
Selon S. T. Joshi et David E. Schultz, « alors que l'histoire contient des descriptions formidablement cosmiques de l'hyper-espace, HPL ne semble pas avoir pensé aux détails de l'intrigue de manière satisfaisante… C'est comme si HPL visait simplement une succession d'images incroyables sans s'ennuyer à les rassembler dans une suite logique ».

mardi 22 décembre 2015

LE TRANSIBERIEN A CARCASSONNE

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Jeudi 21 janvier 2016 à 14H30
Conférence de Jeanne-Marie GRAS sur le 
Transsibérien :
De Moscou à Oulan-Oude via le Lac Baïkal
5673 kilomètres de l'Europe à l'Asie,
5 jours et 5 nuits de croisière ferroviaire et fluviale
Visite historique des villes étapes
A la rencontre des populations dans la diversité des ethnies
Familiarisation avec leurs coutumes et leur folklore
L’espace russe dans son immensité et sa beauté sauvage
Le Lac Baïkal : la plus grande réserve d'eau douce de la planète

Conférence organisée par l'ASSOCIATION DES VILLES DE FRANCE
A L’AUDITORIUM
« CHAPELLE DES JESUITES »
Rue des Etudes
11000 CARCASSONNE

Durée de la présentation : 60 à 75 minutes + questions/réponses.

VENEZ NOMBREUX

Entrée gratuite

lundi 21 décembre 2015

LE GISCARD DE NOEL


LES CHRONIQUES D'EL'BIB : L'ETRANGE MAISON HAUTE DANS LA BRUME, Lovecraft

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L’étrange maison haute dans la brume (1926, in Weird Tales 1921) est à la confluence des nouvelles ressortant du « Mythe » et de celles appartenant au cycle du « rêve ». Elle a pour cadre le petit port de Kingsport que nous avions rencontré pour la première fois en 1923 dans Le Festival. Un petit port noyé dans une brume propre à la poésie et aux légendes.
Chaque matin, près des falaises de Kingsport, une étrange brume monte de la mer. Blanche et duveteuse, elle s'élève des profondeurs vers ses frères les nuages, toute pleine de rêves de pâturages humides et de cavernes de Léviathan. Et lorsque, plus tard, les calmes pluies d'été tombent sur les toits qui abritent les poètes, ces nuages éparpillent des bribes de rêves pour que les hommes ne vivent pas sans avoir vent des mystères anciens, ou des merveilles que durant la nuit les planètes racontent aux autres planètes.
  Quand les contes s'épaississent et se font nombreux dans les grottes des Tritons, et que les conques, dans les cités d'algues marines, font résonner de vieux airs enseignés par les Anciens, alors des brunies impatientes se rassemblent dans les cieux, chargées de connaissances et de secrets.
La cité est surmontée de falaises sur lesquelles se dresse une vieille demeure, mystérieuse, qui n’a qu’une porte donnant sur le vide. Le soir, ses fenêtres sont éclairées, mais on n’en connaît pas l’occupant. De curieuses rumeurs courent sur son sujet, rapportées par le Vieil Homme terrible, le mendiant de l’endroit. Arrive Thomas Olney, professeur de philosophie, venu se reposer avec sa petite famille. Fasciné par la demeure et interloqué par les légendes locales, il décide de la visiter en contournant la falaise. Point de chemin pour y accéder, mais un tunnel en mauvais état. Pas de porte sur le derrière. Mais l’occupant ouvrira un volet et le fera entrer, lui contant des histoires merveilleuses sur ses voyages dans les étoiles et sous les mers. Suite à un grattement à la porte donnant sur le vide, il ouvrira et laissera rentrer une grande coque marine qu’ils emprunteront pour aller visiter un univers de rêve, en compagnie de Neptune et de Nodens.
Revenu dans la cité portuaire, il fera ses bagages, sa petite famille détestant l’endroit. Il quittera Kingsport heureux, emportant au fond de son cœur de merveilleux morceaux de rêves que la réalité ne pourra détruire.  



° Créatures : Nodens

Lovecraft introduit une nouvelle créature qui, à l’instar de Dagon, n’est pas une pure création mais appartient à la mythologie :
(Wiki) En tant que dieu celte, il est associé à la guérison, la mer et les chiens. Mais le chien, animal psychopompe dans la culture celtique, et son aspect de pêcheur l'associent également au royaume des morts, dont il aurait été le roi. Il était vénéré en Angleterre, notamment dans un temple à Lydney Park, dans le Gloucestershire, et en Gaule également. Il est souvent comparé aux dieux romains Mars, Mercure, Neptune ou Silvanus, ou encore au dieu irlandais Nuada ou au Gallois Nudd.
Chez Lovecraft, Nodens, « Seigneur du Grand Abîme », revêt ordinairement l'apparence d'un vieillard chenu à la barbe grise. Il se déplace souvent au moyen d'un chariot constitué d'un énorme coquillage traîné par des monstres extra-terrestres ou des créatures fantastiques issues des légendes de notre terre.
Nodens est connu pour avoir visité notre planète en plusieurs occasions. Il fait partie des Dieux Très Anciens et dispose à son service des Maigres bêtes de la nuit. Il chasse les créatures mauvaises telles que les Shantaks, ainsi que les serviteurs des Grands Anciens, qui lui offrent un peu plus de sport en raison de leur intelligence. Ces chasses l'amènent donc parfois à aider les humains, par accident plus que par désir d'aider l'humanité. De la même manière, on peut voir l'aide que Nodens apporte à Randolph Carter comme l'occasion de nuire à Nyarlathotep (La quête onirique de Kadath l'inconnue). Mais on peut aussi voir Nodens comme un des rares Dieux cherchant à aider les humains

JDR



Kingsport, Cité des Brumes (Descartes/Chaosium 1992)

n Matériel

Kingsport, Cité des Brumes : livre de 120 pages à couverture souple, avec en encart :
- une carte A3 dépliante noir et blanc sur papier glacé,
- une carte A2 noir et blanc détachable.

n Description

Ce supplément du Pays de Lovecraft est consacré, comme son nom l'indique, au petit port fictif de Kingsport, qu'il décrit aux alentours de 1928. La cité accueille certes des pêcheurs, mais aussi de nombreux touristes et surtout des artistes attirés par son étrange ambiance hors du temps. Il est divisé en deux parties de même taille : la première décrit la ville à proprement parler, alors que la seconde propose trois scénarios s'y déroulant.
"Bienvenue à Kingsport" présente succinctement la ville en deux pages : principaux quartiers, climat, administration, économie... "Un peu d'histoire" raconte ensuite les principaux événements s'y étant produit depuis sa fondation, du point de vue "officiel", en deux pages également. On entre ensuite de plain pied dans le fantastique avec "Le culte de Kingsport", qui décrit la principale organisation occulte de la ville, son fonctionnement, ses objectifs et son histoire.
Le "Guide de Kingsport et des environs" décrit lui la cité à proprement parler sur une quarantaine de pages. Les quartiers sont passés en revue les uns après les autres, avec pour chacun une description des principaux lieux (avec parfois des plans) et PNJ (généralement illustrés). On y trouve pèle-mêle de brave gens, de franches crapules et des monstres (littéralement). Le tout est complété par une carte dépliante noir et blanc au format A3 de Kingsport. "L'art du cauchemar" est un article de 3 pages donnant des conseils sur la façon de mettre en scène les rêves, composante indissociable de l'ambiance de Kingsport, dans les parties de l'Appel de Cthulhu.
Le premier scénario, "La maison au bord des rêves", est une courte aventure (9 pages) d'initiation à Kingsport. Tout commence lorsque l'étrange maison dans la brume qui surplombe la ville disparaît le lendemain d'une tempête. "Rêves et songeries" (20 pages) débute par le suicide d'un jeune peintre et poête. Sa disparition va mener les investigateurs dans une étrange quête, à mi-chemin entre rêve et réalité. Enfin, "Les eaux fatales" (20 pages) oppose les personnages à la cause de plusieurs mystérieuses disparitions en mer.
Le supplément se termine par un dépliant touristique sur Kingsport, une carte A2 noir et blanc détachable de la ville, et une liste de références (événements, personnages et créatures) aux œuvres de Lovecraft et de ses élèves.