vendredi 23 septembre 2016

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : PROVIDENCE de Alan Moore





Que voilà un travail remarquable. Les deux premiers tomes de la saga Providence de Alan Moore et Jacen Burrows La Peur qui Rôde & Dans l’Abime du Temps - (Panini Comics, 2016) ouvrent un nouveau genre, celui de la « méta-fiction lovecraftienne ». Différentes nouvelles du Maître sont emboitées dans un récit unique et diablement cohérent. On utilise pêle-mêle Herbert West, Le Cauchemar d’Insmouth, L’Abomination de Dunwich, Air Froid, Le Modèle de Pickman, Démons et Merveilles et bien d’autres textes, on y injecte des éléments de la vie de l’écrivain tirés de ses lettres et on secoue le tout que l’on injecte dans une trame solide. Il s’agit du récit d’un journaliste au Herald Tribune, Robert Blake, dont les penchants homosexuels ont conduit sa petite amie au suicide. Il décide alors de prendre un congé sabbatique pour écrire un roman ayant pour contexte les traditions ésotériques de la Nouvelle Angleterre. Il part d’un ouvrage, Sous le Monde de Guillot qui aurait inspiré Le Roi en Jaune de Chambers et débouche sur un manuscrit sulfureux, le Kitab al Hikman al Najmiyy (« La Sagesse des Etoiles) de Khâlid ibn Yazid (VIII ème siècle), utilisé par une société secrète, la Stella Sapiente. La quête de cet ouvrage va peu à peu lui faire perdre ses repères et l’amènera à naviguer en permanence entre rêve et réalité, navigation qu’il apprendra à maîtriser grâce aux bons conseils de Randolph Carter (ici Randall Carver). Ce dernier l’emmènera du reste à assister à une conférence de Lord Dunsany dans un grand hôtel de Boston. Et là ce sera le coup de foudre : Robert Blake rencontre Lovecraft qui participait lui aussi à l’événement et dont il venait de lire avec enthousiasme Par-Delà le Mur du Sommeil. Lovecraft l’invite à Providence pour prolonger l’échange (fin du tome 2).


L’ouvrage est original, car c’est beaucoup plus qu’une BD. En dehors des cases et des bulles, le récit est enrichi par des extraits du journal de l’apprenti-écrivain qui essaie de décrypter ce qui lui arrive. Ce journal, écrit à la main façon lettres de Lovecraft, est accompagné de divers documents qui donnent de la consistance à la narration : extraits d’une brochure d’un occultiste (Robert Suydam de Red Hook) sur La Sagesse des Etoiles, 



 bulletin paroissial d’une Église de Salem (Innsmouth) qui voue un culte aux Profonds, croquis réalisés par la fille Whateley prisonnière de sa folie… 


On ne peut qu’attendre avec impatience la suite !

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