mercredi 8 février 2017

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LE RETOUR DES Lloigors, Colin Wilson





Le Retour des Lloigors (The return of the Lloigors, Colin Wilson, 1969, in Bouquins T I)  fait figure d’originalité dans une production post-lovecraftienne souvent téléphonée. Il s’agit du récit de Paul Dunbar Lang, universitaire américain originaire d’Angleterre. L’une de ses relations de Moscou lui parle du manuscrit Voynich, document qui l’intrigue et sur lequel il se décide de mener une enquête. Il suivra le parcours classique, passant par les études de Newbold, Manly et les textes de Roger Bacon, pour terminer à l’université de Yale où il commandera des reproductions photographiques. Celles-ci, examinées par un ami photographe, se révéleront être des copies écrites en un mélange de latin et de grec. Si la page de titre manquait, il était indiqué page 14 qu’il s’agissait du Necronomicon. A partir de là commence toute un périple de décryptage, commençant comme il se doit par les œuvres de Lovecraft qui fut le chantre de cet ouvrage. La mise au clair révélera une somme de connaissances scientifiques incroyables et, de façon obscure, une allusion à une créature, Dieu ou Démon, sorte de tourbillon d’étoiles résonnant curieusement avec l’actuelle théorie des quantas. Il est également évoqué d’une langue « kianne » dont Lovecraft parlera brièvement dans son passage sur Arthur Machen dans Epouvante et Surnaturel en Littérature, en liaison avec un culte de sorcellerie. Il est également fait référence dans cet ouvrage aux Dols, Voolas et à des inscriptions Aklos. Le chercheur en arrive à la conclusion que le Voynich est un fragment ou résumé du Necronomicon dont des copies doivent être conservées à l’Eglise du Carmel de Naundorff ou à la Fraternité de Tlön[1].
Persuadé après sa rencontre avec un ecclésiastique spécialiste de Machen que ce dernier était au fait de beaucoup de choses concernant d’anciens cultes païens, il part pour Melincourt dans le Monmouthshire poursuivre son enquête sur les traces de l’écrivain gallois. Il y rencontrera l’érudit local, le Colonel Lionel Urquart, passionné de Mû, continent perdu sur lequel il a écrit plusieurs ouvrages. Il est persuadé que ce continent a laissé de nombreuses traces au pays de Galles, et à Providence (RI). Et de lui montrer une tablette de pierre verte représentant un monstre marin récupéré dans la région. Il lui explique que Mû était dirigé par des créatures qui étaient des forces, plutôt que des êtres, les Lloigors, qui ont créé l’homme pour les servir. Mais les humains se sont révoltés et les Lloigors se sont enfuis, mais attendent pour se venger. Ils sont à l’origine de nombreux « mystères archéologiques », la fin de Mû, de l’Atlantide, des civilisations précolombiennes et de terrifiantes explosions comme celle qui creusera le Grand Canyon.
Au cours de son investigation, Lang rencontrera également un gitan, Ben Chikno, qui après quelques verres de rhum, lui confirmera la saga des Lloigors, expliquant qu’ils veulent reprendre leur monde ; nous, on est une erreur. On retrouvera Ben mort et le camp des gitans, Llandalfen, dévasté comme suite à une explosion atomique. Toutes les populations aux alentours sont terrassées par une étrange fatigue. Urquat expliquera que les Lloigors n’ont pas d’énergie naturelle et « pompent » celle des autres pour se ressourcer.
Le récit se terminera par un combat désespéré de Lang et Urquat pour faire comprendre aux plus hautes autorités l’importance de la menace qui plane sur l’humanité. Sans succès, les deux compères étant vite classés dans la catégorie des illuminés.
Ils disparaîtront tous deux lors d’un vol en Cessna qui devait les conduire à Washington rencontrer un sénateur perturbé par cette affaire. Le ciel était clair et la météo excellente. On ne retrouvera jamais les débris et les corps.


[1] Clin d’œil bien sûr à Borgès.

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